Le chef-d’œuvre oublié de Melvin Van Peebles :
une contre-utopie féroce et caustique du « rêve américain »
Jeune Noir américain du début du xxe siècle, Abe n’aura connu qu’une courte vie de misère, d’injustice et de prison lorsqu’il meurt à vingt-sept ans. Expédié en enfer par Jésus Christ en personne, il constate avec stupéfaction que ses congénères y sont privilégiés sur les Blancs, pour mieux faire souffrir ces derniers. Abe profite de cet éternel séjour : il s’instruit et tente de comprendre pourquoi le « rêve américain » est resté inachevé.
Sympathisant avec un Blanc, Dave, ancien éclaireur de la conquête de l’Ouest scalpé par les Indiens, lui aussi convaincu de la grandeur de leur nation, Abe persuade le Diable (un manager moderne, amateur de jazz et de partouzes) de les renvoyer tous deux dans l’Amérique de 1938. Séparés, mais promettant de se retrouver, les deux amis vont alors suivre des chemins différents, semés d’embûches
Pendant ce temps, alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, avec son gros lot de clients, le Diable se frotte les mains…
Satire sociale féroce sous la forme d’une farce burlesque, d’un réalisme cru et virulent, Un Américain en enfer s’attaque avec un humour frontal et décapant, au-delà de la seule ségrégation raciale, à l’essence même du « rêve américain ».
Paru aux États-Unis en 1976 (et prépublié dans le magazine Playboy d’Hugh Hefner), ce roman majeur de Melvin Van Peebles laisse éclater toute sa verve et sa lucidité caustique.