144 pages dédiées aux drags : queens, kings et créatures de tout poil et de toute peau.
D’un côté, la folie Drag Race qui a initié la renaissance du drag, aux États-Unis d’abord, puis en France. Au début de la décennie 1990, après la période faste de la révolution sexuelle, cet art était en grande partie tombé en désuétude, relégué à l’obscurité de quelques boîtes de nuit et privé de sa puissante dynamique politique. Ces quinze dernières années, la franchise américaine a propulsé de nouvelles queens en prime time sur les plateaux de télévision, en vitrine des librairies et en majesté sur les réseaux sociaux.
De l’autre, un foisonnement de pratiques, plus expérimentales et radicales, qui repoussent les frontières du drag. Elles sont portées par des queens qui s’écartent d’une féminité parfaite ou exacerbée, des kings qui jouent avec les codes de la masculinité ou des “créatures” qui brouillent les lignes. Dans les cabarets, dans les bars, dans les manifestations ou dans l’intimité des chambres, le mouvement compte dans ses rangs de plus en plus de personnes trans et non-binaires, ainsi que des femmes.
Ces deux visages du drag sont réunis dans un vaste mouvement sociétal de remise en question des stéréotypes de genre, et donc dans ce numéro. Après un dialogue entre Paloma et Le Filip – deux des trois dernières gagnantes de Drag Race France – en guise de flamboyante entrée en matière, ce dix-septième opus de Sphères prend des chemins de traverse pour explorer la communauté drag. En Ouganda, en Italie et sur l’île de la Réunion. Auprès de kings, de freaks et de queens non-binaires. En suivant le fil de l’humour, de la littérature, du cinéma et même de contes pour enfants. On y parle exaltation d’être sur scène, quête d’identité, inquiétude face à la répression, famille de substitution. On y parle, partout, de politique. Ainsi vont les drags.
Ce numéro est une invitation à les suivre, en vous laissant guider par leurs couronnes. C’est facile : elles brillent.