« Si vous n’aimez pas les films de Samuel Fuller, vous n’aimez pas le cinéma » – Martin Scorsese.
Samuel Fuller a commencé sa carrière en tant que journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, et a ensuite combattu comme soldat pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela ne s’invente pas. Le Port de la drogue, Shock Corridor, Dressé pour tuer… Ses films sont marqués par ce qu’il a vécu et explorent des genres variés. Admiré par Jim Jarmusch, Quentin Tarantino ou encore Jean-Luc Godard, Fuller est pourtant un cinéaste qui a suscité au fil du temps les évaluations et les jugements les plus contradictoires.
Ses films, à l’instar de sa vie, ont prêté à bien des malentendus : sur la violence, la politique, la guerre, les hommes, les femmes, les États-Unis. En homme libre, il y a superbement survécu. S’il revendiquait un cinéma de basse extraction quant à ses budgets et au matériau qu’il privilégiait, il tenait avec orgueil à inscrire au fronton de ses films qu’il les écrivait, les réalisait et souvent les produisait lui-même. L’énergie extrême que tout le monde s’accordait à lui reconnaître a longtemps fait elle-même l’objet d’une méprise. Loin d’être une force brute et aveugle, elle doit s’entendre, ainsi que chez Balzac dont il était fou, comme ultime puissance créatrice.
Jean Narboni est un ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma. Il y a fondé et dirigé les éditions du même nom, où il a notamment publié des ouvrages de Roland Barthes, Serge Daney, Eric Rohmer ou Jean Louis Schefer. En 1987, il a réalisé avec Noël Simsolo un livre d’entretiens de référence avec Samuel Fuller : Il était une fois... Samuel Fuller (Éd. Cahiers du cinéma). Chez Capricci, il est l’auteur de La nuit sera noire et blanche (2015) ...Pourquoi les coiffeurs ? Notes actuelles sur Le Dictateur (2010) et La Grande Illusion de Céline (2021).