Paru en 1844, ce portrait a permis la découverte de Leopardi en France, sept ans après sa mort. En général, le critique se garde bien de se pencher sur la littérature étrangère. Mais, poussé par la découverte de manuscrits décisifs, il s’attelle à cette tâche et redouble d’attention.
Sainte-Beuve confronte la portée intellectuelle de la pensée du poète avec sa vie, qu’il suit pas à pas. Il émet des intuitions que d’autres après lui développeront. Il perçoit Leopardi comme “un Pétrarque incrédule et athée”, le salue comme le “dernier des Anciens”, ceux que l’auteur italien, attisé par son goût philologique, avait lus et plus tard traduits, tel Homère (Batrachomyomachie) ou Virgile (Énéide). Remarquable par la clarté et la précision de sa langue, Sainte-Beuve rend un hommage vibrant à cet écrivain au nom “si bien frappé pour la gloire”. Première étude d’importance parue sur Leopardi, elle en précéda de nombreuses autres, qui ne l’ont pas rendue caduque.