Machine qui rêve: Fast & Furious, utopie américaine - Arthur Bouet

Dans le prolongement de la revue du même nom, les ouvrages de la collection Amateur-e feront la part belle aux récits intimes sur le cinéma. Une façon d'écrire autrement sur les films et cinéastes, en dehors des clous de la critique classique, avec une subjectivité forte en bandoulière.

Il était parfaitement logique d'ouvrir le bal avec le premier livre d'Arthur Bouet, rédacteur en chef de la revue Amateur-e. Voici donc "Machine qui rêve: Fast & Furious, utopie américaine." Dans ce texte, intime (donc), documenté et audacieux, l'auteur ausculte à la fois la franchise hollywoodienne la plus ancienne encore en activité (et une des plus rentables) tout en se questionnant sur ce qui nous lie au cinéma commercial et populaire.

D'utopie il en est fortement question ici. À la fois celle des créateurs de cette saga, obsédée par la vitesse et par le désir de triompher de la mort, dont la sincérité tranche avec l'ironie qui domine le blockbuster contemporain. Mais aussi celle d'Arthur Bouet, qui prend pour point de départ son coup de foudre pour une franchise qu'il avait jusqu'alors méprisée par principe cinéphilique.

"Machine qui rêve" est le récit d'une quête: celle d'un monde post-racial, populaire et affranchi qui revendique fièrement sa singularité au sein du morne paysage des superproductions contemporaines et son installation à l'abri du vacarme du monde. Un essai qui prend à rebours le discours sur le cinéma commercial et apporte un regard neuf sur l'une des plus grosses machines de l'histoire d'Hollywood.