André S. Labarthe était une des figures les plus singulières, les plus inclassables de la critique et du cinéma français.
Comme l’écrit Jacques Henric dans Art Press : un homme et une revue étaient faits pour se compromettre : ASL et Limelight. Une revue de cinéma ce sobre cahier qui paraît tous les mois à Strasbourg ? Si on veut, mais habitée par la littérature, la musique, la peinture… Bien impure, donc. Et donc toute prête à se compromettre encore un peu plus avec un des regards – je veux dire bien sûr, une des écritures les plus impures de notre temps.
Durant plusieurs années, ASL a donné à la revue une chronique participant à la fois de la critique, du journal intime, de la correspondance suivie. C’est la première fois qu’il s’engageait ainsi dans une collaboration éditoriale à laquelle il ne manqua jamais. Un premier texte qui touche volontairement à plusieurs domaines : théâtre, photographie, cinéma, fétichisme. De manière à bien marquer que cette chronique ne sera pas exclusivement vouée au cinéma. Une chronique insolite qui passe par la conversation, la correspondance, les notes et fragments, les aphorismes, les entretiens.
Au générique : les frères Lumière, Alfred Hitchcock, Orson Welles, Shirley Clarke mais aussi Georges Bataille, Roy Liechtenstein, Saul Steinberg… des entretiens avec Jean-Luc Godard, Martin Scorsese, Joseph Losey, Alain Cuny… Et pour finir un entretien avec Paul Gégauff, compagnon oublié de la Nouvelle Vague. Les Cahiers du Cinéma préfèrent laisser cet entretien – réalisé en 67/68 par ASL, Jean Eustache et Bernadette Lafont – dans les tiroirs pour ne pas s’attirer d’ennuis. À la lecture hilarante on comprend pourquoi : on y découvre la croustillante petite histoire, pas très respectueuse de la Nouvelle Vague.
Bruno Chibane