Pour étancher la soif, même d’absolu, rien de plus efficace que la boisson. Qu’importe le flacon… Mais lorsque celui-ci est vide, par où s’échapper ? La clef de l’issue pourrait bien être détenue par ce mystérieux personnage qui intervient parfois dans les somnolences avinées des protagonistes.
Ce grand rhétoriqueur égrène un ‘‘véritable mode d’emploi de la parole’’ contre tous ‘‘les usages rhétoriques, techniques, philosophiques, algébriques, logistiques, journaliques, romaniques, artistiques et esthétchoum du langage’’. Sous un titre qui menace le lecteur d’assister à des débats d’ivrognes se dissimule une véritable odyssée à travers les faux-semblants de notre monde.
Gueules et langues de bois, prenez garde. René Daumal scie les expressions vaines comme autant de barreaux à notre cellule : il condamne les Pwats, autrement dit les poètes, les Sophes, les Krittiks ou encore les Scients. Ce qu’il recherche dans cette descente ? Une connaissance capable de remonter aux origines, une langue partagée à même de mener à une initiation nouvelle. Des jeux de langage réjouissants se déversent à flots continus dans ce récit entre la pataphysique de Jarry et la Divine Comédie de Dante.
Suivez-le dans la Jérusalem contre-céleste : il vous mènera, de page en page et de surprise en surprise, du cercle de la soif aux paradis artificiels, avant de retrouver ‘‘la lumière ordinaire du jour’’.