“Hello, Hi” - Ty Segall

Comme la pluie effaçant les jours passés, « Hello, Hi » ouvre enfin grand la porte et invite le nouveau à traverser toutes les anciennes nuances de chaud et de froid. C’est un air frais qui traverse l’espace acoustique en faisant fleurir en toute inconscience un assortiment de chansons d’amour. Ce nouvel album a été conçu principalement par Ty Segall, seul, chez lui. L’isolement convient aux chansons : vous n’êtes jamais autant chez vous que lorsque vous êtes face à un miroir. Les guitares acoustiques et électriques de Ty et ses harmonies vocales se superposent, formant une colonne vertébrale épineuse pour l’album. Des textures à la fois douces et dissonantes enracinent les chansons au fur et à mesure de leur mouvement et des arcs mélodiques convulsent dans le doute, le bonheur et la rage. L’album s’éveille doucement avec trois morceaux aux reflets sucrés-salés, avant que les craquements du morceau éponyme de l’album viennent électrifier tous les sens. D’un ciel bleu et dégagé, Ty Segall plonge au plus profond des abysses engendrant au passages des vagues scintillantes qui illuminent nos 6ème et 7ème sens. Plus loin, « Saturday Pt. 2 » conclut une mini-suite qui forme l’avant-dernier mouvement de « Hello, Hi ». Des guitares sans fuzz se déroulent, le murmure rassurant de Ty montre la voie jusqu’à ce que l’élégant saxophone de Mikal Cronin ouvre toutes les fenêtres, abandonnant l’hystérie et la joie, et toutes les autres douleurs et plaisirs simples qui sont restés si longtemps derrière des portes closes. C’est un hymne à l’évasion qui tourbillonne doucement. Rayonnant dans le même espace mental que Goodbye Bread et Sleeper, mélangée à des fragments contrastants et contradictoires issus de Freedom’s Goblin, Manipulator et First Taste,  « Hello, Hi » est assurément la production la plus apaisée et entière de Ty Segall à ce jour, un flux et reflux de mots et de musique offrant acceptation et abstraction tel un passage à travers les enchevêtrements de ces temps difficiles.