Génie fulgurant, écorché vif et mort prématurément : tout est réuni pour faire de Georg Trakl, poète expressionniste majeur, une figure aussi mythique que brûlante. Les dettes de Trakl vont d’abord à Rimbaud et à Hölderlin, pour leur poésie hantée et flamboyante. Comme eux, il défait les vers, le mètre, la rime, et écrit même quelques poèmes en prose. Sa poésie est habitée de visions désespérées, obsédée par le sentiment de la faute et de la déchéance, par la certitude du glissement irrémédiable des êtres vers la mort. Mais la fulgurance de ses mots et de ses images traverse sans encombres les ténèbres qui habitent le poète pour parvenir jusqu’à nous, dans toute son évidence poétique.
Menant à son terme le projet poursuivi pendant des années par le poète et traducteur Gustave Roud, Philippe Jaccottet fit paraître en 1978 un recueil des poèmes de Trakl traduits par Roud. La présente édition y ajoute des traductions inédites ainsi que des extraits de lettres de Rainer Maria Rilke, fervent défenseur de Trakl.