2 LP
«Evidemment, c’est le style. Ce qui différenciera toujours un groupe de Paris d’un autre de Limoges, un groupe de New York d’un autre du Wisconsin. Un truc impalpable. Une façon de porter des Wayfarers, une nuque longue couleur jais, un modèle de guitare… Un mélange équilibré de candeur et de morgue. New York fucking City. Quand Comateens a posé le pied ici, c’était le tournant des seventies, inséminées par le punk, et des eighties, modernes et gaies. Dans le nord de Manhattan, Uptown, comme dans la chanson d’un autre groupe au spectre vocal crystalien, ils avaient, inné, l’héritage du Brill Building comme celui de Simon & Garfunkel. Cette science infuse de la perfection pop. Passé par le punk foutraque de downtown, le trio bizarre (pas de batteur) était, comme souvent, une affaire de famille : le guitariste était le petit frère du bassiste, qui sortait avec la chanteuse. Des chats de gouttière efflanqués, deux types issus de la middle class et une semi portoricaine de la 181 eme rue, Washington Heights, là où personne ne va, où les rétroviseurs des voitures rincées portent en sautoir des drapeaux dominicains ou des vierge Marie en pur plastique de San Juan. Épicé, le quartier.
En prenant racine du vieux côté de l’Atlantique, Comateens suscita des épiphanies renouvelées, des éjaculats de bonheur dont le souvenir est toujours aussi vivace.
On sait tous combien il est perturbant de retrouver un amour de jeunesse, impliquant des questionnements rétrospectifs sur les combustions sentimentales à date de péremption effacée. Ces chansons, elles, ont gardé une fonction érectile intacte : charme en cascade, perfection des lignes, velouté des mélodies. On vérifie à chaque écoute la pertinence immarcescible des ‘Get Off My Case’, ‘Late Night City’, ‘Don’t Come Back’ ou ‘The Late Mistake’, des pépites qui, jouées en soirée, vous valent l’assentiment ému des danseurs, et la curiosité de jeunes oreilles soudain déflorées par ces évidences de chansons» (J-E Perrin)