Les Combinaisons restent un groupe inclassable. Même en s’appuyant sur les nombreuses définitions que le Larousse propose pour ce mot, il est impossible d’en percer complètement le secret.
Sans avoir l’esprit particulièrement mal placé, les Combinaisons peuvent d’emblée évoquer ces « sous-vêtements féminins descendant jusqu’aux genoux ». C’est d’autant plus justifié que, initialement, le groupe prétendait produire du rock textile à poil dur. Mais ils n’ont pourtant jamais fait dans la dentelle et, question habillement, la cotte ou le bleu de travail sont des combinaisons qui rendraient mieux hommage à leurs origines paysannes et prolétaires. La combinaison est également « l’action d’arranger des éléments divers pour former un ensemble ». Les membres du groupe, originaires de contrées aussi lointaines que Sézanne (Marne) et Vouziers (Ardennes), se sont retrouvés au centre géographique de leur univers, à Reims, pour constituer un collectif volatile à géométrie variable (de 2 à 8 membres) qui, pendant une bonne dizaine d’années à partir de 1982 a terrorisé la scène rock locale et éclusé force litrons de rouge et fûts de bière (on ne boit pas que du Champagne à Reims…).
Le portrait le plus fidèle du groupe, spécialiste de la musique de travers, est peut-être celui que l’on peut tracer avec les reprises mises à son répertoire au fil des années, soit Pere Ubu, Richard Hell, le générique des Chiffres et des Lettres, Captain Beefheart ou Adamo.La combinaison, c’est aussi « l’action d’unir chimiquement plusieurs corps pour en former un nouveau ». A Mulhouse, les électrons Polesse à la basse et Arnaud Dieterlen à la batterie sont venus graviter autour du noyau formé par L’Incohérent au chant et Le Colonel à la guitare.
Ensemble, ils forment donc un quartette rock classique qui a réussi l’exploit de se réunir en studio pour enfin produire le premier album des Combinaisons.
Ce disque est certes un Testament du Rock (en référence à une série de compilations rétro des années 1970 du label Music for Pleasure), mais c’est surtout l’acte de renaissance du groupe.
En dix titres, c’est bien un retour aux sources du rock que le groupe propose, avec de nouvelles versions de Gros Homme Chauve et Les Grosses Dames, et de nouveaux classiques comme L’État Sauvage et Chic Exquis !. Les comparaisons restent difficiles, mais on peut imaginer à l’écoute Henri Genès accompagné par les Stooges ou Captain Beefheart chanteur des Problèmes.
De même que moi dimanche dernier en cochant mon ticket de tiercé, le groupe a trouvé avec Testament du Rock la combinaison gagnante, celle qui va lui ouvrir le coffre-fort du succès.