« Mourir, ça n’a vraiment rien de spécial. C’est même très commun. Ça arrive à tout le monde. »
C’est quoi, une vie ?
Que retient-on de la sienne quand on apprend soudainement qu’elle touche à sa fin ?
Peter Schjeldahl est critique d’art. Il ne lui reste que six mois à vivre. Il s’attelle à noter ses pensées – ce qui lui revient, ce qui le hante –, à ramasser quelques miettes alors qu’il se tient tout au bord du gouffre. Et il en tire ce texte unique, inclassable, déchirant et drôle, à la fois « grand roman américain », Mémoires d’un poète du New York underground, méditations d’un mourant et collection d’aphorismes d’un moraliste élevé dans le chaos de la contre-culture des années 1960.
Par fragments mais sans jamais perdre de vue la clarté de son récit, Peter Schjeldahl évoque toutes les facettes de l’existence : l’enfance, l’incompréhension des parents, l’alcoolisme, la découverte et l’importance de l’art, le choix d’un métier, le sexe, la famille, les amis, les échecs, les réussites, la maladie, la mort bien sûr, et l’amour…
Plus que tout, Schjeldahl se révèle un écrivain-né au moment où la mort vient le cueillir. Ses phrases ciselées, condensées, épurées, provoquent l’air de rien des déflagrations à bas bruit dont l’onde de choc ne s’oublie pas. Toute une vie, toute la vie en cent pages. Un tour de force. Et une invention : des Mémoires en accéléré.
Peter Schjeldahl (1942-2022) a été l’un des plus grands critiques d’art du New Yorker et du New York Times. Ses articles sur Rothko, Picasso, Manet et plusieurs grandes figures de l’art contemporain comptent parmi les études les plus respectées aux États-Unis. Il a également publié plusieurs recueils de poèmes.
« Voici les minutes heureuses d’un condamné à mort balançant entre éclats de souvenirs et réflexions à la sagacité de l’iceberg : l’évidence du trait de génie vous achève juste à l’instant où vous soupçonnez le creux. » (Transfuge)